Définition de la migraine

Qu’est-ce que la migraine ?

Migraine et maux de tête sont connus depuis toujours. Rares sont ceux en effet qui n’ont ressenti un mal de tête banal à l’occasion d’une grippe, d’un stress, d’une poussée de fièvre… Mais l’ignorance dans laquelle se trouvait la science à propos du mécanisme des maux de tête explique qu’il y ait eu si longtemps confusion et abus de langage à propos de ce mal de tête particulier qu’est la migraine. Connue pourtant depuis l’Antiquité, cette dernière ressemble en effet à un gigantesque puzzle dont les pièces ne commencent à se mettre en place que depuis une vingtaine d’années seulement.

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La définition de cette douleur capricieuse, imprévisible, touchant la partie la plus noble du corps, la tête qui est selon le grand dictionnaire Larousse un « trouble fonctionnel vasculaire bénin du cerveau qui se traduit par un syndrome d’algies crâniennes revenant par accès » a longtemps été l’objet de discussions acharnées lors des congrès scientifiques. La migraine ne possède pas en effet de caractéristique isolée qui puisse orienter vers son diagnostic.

Ce dernier ne s’établit en réalité qu’à partir d’un faisceau d’arguments associés. Il en existe un cependant qui est essentiel, bien que trop souvent oublié : la douleur migraineuse est périodique. Elle évolue par crises et, entre ces dernières, le migraineux ne présente aucune différence avec la population normale. Un début de définition serait de dire que la migraine est un mal de tête d’origine vasculaire, évoluant par crises répétitives de céphalées, séparées par des intervalles libres de toute douleur ou trouble.
Les variations de la migraine semblent se multiplier à l’infini : la localisation, l’intensité, la durée et la fréquence des crises peuvent varier énormément, non seulement d’un migraineux à l’autre, mais aussi chez la même personne :

  • En principe la douleur de la migraine n’est ressentie que d’un côté de la tête (« hémicrânie »), mais elle peut être aussi bilatérale
  • Les migraines sont en principe sévères, mais pas toujours
  • Elles sont souvent associées à des nausées ou à des vomissements, mais les exceptions ne sont pas rares
  • De même, elles s’accompagnent de troubles neurovégétatifs ou de l’humeur, mais ces derniers sont extrêmement variables
  • Enfin, chez 70 % des personnes qui souffrent de migraine, on retrouve des antécédents familiaux de la même maladie, mais l’absence d’hérédité n’annule pas un diagnostic.

Aussi l’IHS (Société internationale pour l’étude des maux de tête) a, à plusieurs reprises, donné des critères diagnostiques permettant à tout médecin comme à toute personne concernée d’identifier la maladie migraineuse devant un mal de tête :

  • Il s’agit d’une céphalée qui évolue par crises d’une durée de quatre à soixante-douze heures en l’absence de traitement efficace
  • Lors des crises, la céphalée est souvent pulsatile (c’est-à-dire que le patient ressent le « sang battre dans sa tête au rythme du cœur ») et localisée dans une moitié de la tête
  • Son intensité augmente avec les efforts physiques anodins, par exemple monter des escaliers
  • Elle s’accompagne de nausées voire de vomissements
  • Le patient supporte mal la lumière (photophobie) et le bruit (phonophobie).

De plus, la céphalée migraineuse peut s’associer à beaucoup d’autres signes : pâleur du visage, intolérance aux odeurs (osmophobie), diarrhée, envie d’uriner ou une augmentation de volume des vaisseaux au niveau des tempes.  Toutes ces caractéristiques peuvent être retrouvées dans 80 % des cas de migraine : les migraines dites « sans aura ».

Dans 20 % des cas, la céphalée migraineuse peut être précédée d’un symptôme transitoire appelé aura, définie par une apparition progressive en quelques minutes et ne durant pas plus d’une heure. Ce symptôme est le plus souvent visuel, touchant la moitié du champ visuel avec notamment un point lumineux et scintillant allant du centre à la périphérie du champ visuel comme une ligne scintillante en zigzag dite en fortifications à la Vauban : on appelle alors le symptôme un scotome scintillant.
Mais l’aura peut aussi être sensitive, c’est-à-dire avec des fourmillements de la main et de la moitié inférieure homolatérale du visage qui peuvent parfois s’engourdir. Le malade peut aussi avoir des difficultés à parler (ou à trouver ses mots).

La migraine peut aussi être précédée de prodromes, c’est-à-dire de signes annonciateurs survenant quelques heures avant la crise voire même le jour d’avant. Les principaux sont des changements de l’humeur (allant d’une légère euphorie à un état quasi dépressif ou une simple irritabilité), des changements du comportement alimentaire (manque d’appétit ou au contraire boulimie se portant souvent sur un aliment particulier – exemple, le chocolat) ; on retrouve aussi des changements du comportement général, ralenti ou au contraire hyperactif, de la qualité du sommeil. Ce peuvent être encore une sensation de froid général, une constipation ou des bâillements répétés. Tous ces signes annonciateurs sont malheureusement trop souvent considérés comme les causes de la crise de migraine alors qu’ils en signent le début clinique et devraient donner l’alerte.

Les facteurs déclenchants

Trop souvent confondus avec les causes de la migraine, ils ont tous un point commun qui est d’induire un changement d’état.

Ils sont très différents : il peut s’agir de facteurs psychologiques (stress, grande émotion, contrariété) ou de facteurs liés au rythme de vie, qu’il s’agisse de « burn-out » ou surmenage professionnel ou à l’inverse de relaxation rapide qu’on retrouve très souvent dans les crises de migraine du week-end. On retrouve également des changements de la durée du sommeil (manque ou au contraire grasse matinée) ou des changements alimentaires (jeûne ou repas excessif). Enfin, un facteur déclenchant très fréquent est l’apparition des règles : il s’agit là d’un facteur hormonal lié à la diminution du taux d’oestrogènes dans les jours précédant la menstruation.

A contrario, la migraine n’est pas d’origine digestive, dentaire, oculaire, cervicale ou sinusienne. La « maladie migraineuse » existe en elle-même et elle résulte d’un terrain probablement génétique rendant le migraineux très sensible à des changements de l’environnement, alors qu’ils sont sans conséquence chez les non migraineux et qui provoquent un trouble vasculaire fait d’une diminution de calibre d’une artère cérébrale suivie en réaction d’une vasodilatation douloureuse (ce qui a pu être appelé « l’orage vasculaire » de la migraine dans les années 90). Bien sûr, les mécanismes de la migraine ont été plus étudiés et plus affinés depuis.

Êtes-vous migraineux ?

  1. Votre mal de tête évolue par crises de quelques heures à trois jours. Entre les crises, vous ne souffrez pas de la tête.
  2. Vous avez au moins présenté cinq crises dans votre vie.
  3. Votre mal de tête a au moins deux des caractéristiques suivantes : localisé d’un côté de la tête ; pulsatile (la douleur « tape ») ; augmenté par l’effort (courir ou monter un escalier) ; intensité forte à très forte.
  4. Votre mal de tête est accompagné d’au moins un des signes suivants : nausées ou vomissements ; gêne à la lumière ou au bruit.
  • Vous avez répondu oui aux 4 questions : vous êtes sûrement migraineux.
  • Vous avez répondu oui à 3 des 4 questions : vous êtes probablement migraineux.
  • Vous avez répondu non à au moins 2 des 4 questions : vous n’êtes sans doute pas migraineux.
  • Dans tous les cas, parlez-en avec votre médecin.

(Test de la Société française d’études des migraines et céphalées)